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Sortie de corps / Ce qu'en dit la science

 

 

 

 

 

Un dossier de : Olivier Bernard

 

Peut-on imaginer plus étrange et déstabilisante sensation que celle de "sortir" de son propre corps ?

 

Pourtant, les preuves sont là : près de 10 % de la population, tous pays confondus, aurait vécu ce type d'expérience a priori paranormale. A priori, car la science a percé le mystère.

 

Il serait lié à une erreur de traitement au niveau de la jonction temporo-pariétale de notre cerveau, là où sont intégrées les informations envoyées par nos sens. Même si de nombreuses autres aires cérébrales sont impliquées dans le traitement du "soi", cette zone précise semble jouer un rôle clé, mis en évidence par Olaf Blanke, neurobiologiste au Laboratoire de sciences cognitives de l'École polytechnique de Lausanne.

Plus précisément, le phénomène de "sortie hors du corps" procéderait d'un échec d'intégration de l'information proprioceptive [celle relative à la perception de son propre corps par les muscles, les articulations...], tactile et visuelle du corps.

PERSPECTIVE DÉCALÉE

L'activation anormale de la jonction temporo-pariétale provoquerait la création d'une réplique virtuelle de soi en dehors du corps - dans un environnement similaire, mais selon une perspective décalée.

Avec, pour conséquence possible, la vision de son corps dans une position qui ne correspond pas à celle que l'on ressent.

Récente, cette hypothèse vient enfin apporter un ancrage biologique à un phénomène pourtant décrit dès 1886, mais qui a longtemps souffert d'une image ésotérique, issue des "projections astrales" chères aux mouvements spirites du XIXe siècle.

À la suite des travaux du psychologue américain Charles Tart dans les années 1960, des centaines de cas ont été étudiés, permettant de mieux cerner le phénomène et ses causes - à savoir : l'usage de certaines drogues psychédéliques, mais aussi une peur intense, un traumatisme ou un état de profonde relaxation (endormissement ou hypnose).

CORPS ET SOMMEIL

Dans les années 1990, des dizaines d'études par électroencéphalogramme ont scruté les ondes cérébrales des sujets atteints, mettant en évidence des ondes alpha (celles de l'éveil calme) anormales lors du sommeil léger, et un sommeil paradoxal perturbé avec des ondes thêta (celles de la relaxation profonde), absentes d'ordinaire.

La "sortie hors du corps" se manifeste donc dans un contexte précis, et affecte singulièrement certaines phases du sommeil. Il ne restait plus qu'à identifier les mécanismes cérébraux qui la provoquent : c'est aujourd'hui chose faite. Une personne sur dix environ a déjà vécu cette étrange expérience de dissociation.

Dans un domaine plus spirituel que j'aborde dans mon livre "Les portes de l'esprit" à paraître prochainement, la croyance dans l’au-delà repose sur une gamme d’arguments. D’abord sur l’intuition dualiste : le sentiment très puissant d’être plus que simplement notre corps (OBE), qu’il existe une réalité d’un ordre immatériel.

Ensuite sur des « preuves » testimoniales : le récit d’expériences spirituelles et de voyages hors du corps.

Comment la composante " hors du corps " peut-elle être une hallucination, sachant qu'il est quasi-impossible d'imaginer un point de vue extérieur à son corps, de se voir soi-même ?

Comment le cerveau peut-il produire un état de conscience plus " performant " (lucidité, compréhension) alors qu'il est quasiment hors-service ?

Il est impossible pour l'instant de démontrer que cet état du cerveau n'est pas - au contraire - le résultat d'un état de conscience qui trouve son origine " en-dehors " de lui.

N'oubliez pas que les meilleures infos sont sur Les portes de l'esprit